Présentation
Inutile
donc de faire comme s’il restait une part de joliesse dont on pourrait
encore s’enorgueillir benoîtement. Inutile, puisque le cœur, moribond,
s’apprête à lâcher. Cela fait bien longtemps que les rires ont jauni ;
et puisque tout le monde s’en fout manifestement, autant vomir en public
les haines et idéaux dont le mélange indigeste ne passe définitivement
pas. Alors ça casse. Et avec les rêves balayés, c’est l’être dans son
entièreté qui casse, interdit de cité. Il n’y a rien à faire : ça ne
passe pas, alors ça casse. Membres épars et cœurs fêlés, ça casse.
Sentiments dégonflés et rêves effondrés, ça casse. Dans l’indifférence
générale. Indifférence si outrageusement fardée de discours humanistes
que ce maquillage suranné ne parvient plus à masquer la dialectique de
putréfaction qui travaille en profondeur tous les corps sociaux que
l’humain s’est inventés pour faire écran, pour détourner son regard d’un
vide qu’il ne sait affronter. Réseaux de trompes-l’œil, jeux de dupes :
le trop plein de vivres à toujours consommer n’endigue pas la mort qui
consume à jamais des mouvements de l’âme trop creux pour durer. Ça
casse. L’obscénité du monde abonde dans le non-sens de sa vacuité :
c’est l’inertie ambiante, la dialectique de l’inanité. Surproduction de
verbiage, surmultiplication des artifices. Et pourtant rien n’y fait.
Encore et toujours : ça ne passe pas, alors ça casse.
Note : Vous pouvez aussi commander ce livre en librairie (notez le n° ISBN : 978-952-273-377-1)